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mercredi 10 février 2016

Chronique: "L'enfant-rien" de Nathalie hug



 Aussi loin que je me souvienne, je l'attendais assis, le menton sur les genoux, les bras autour des jambes et le dos appuyé contre la porte du placard. N. H. Petit garçon étrange, Adrien guette chaque semaine l'arrivée du père de sa demi-sœur, dans l'espoir de recueillir un regard, une parole ou un geste tendre. S'il rêve d'un papa, Adrien veut surtout percer le secret de sa naissance, secret qu'il croit enfermé dans une boîte rouge, cachée hors de sa portée. Le jour où sa mère se fait renverser par une voiture et se transforme en « tas-de-fraises-à-la-crème », la possibilité d'une vie différente s'ouvre à lui. Mais Adrien, l'enfant-rien, peut-il vraiment trouver sa place dans une famille qui n'est pas la sienne ?


      Ce livre, je vous avoue que j'en avais jamais entendu parler, ou même croisé dans les rayonnages d'une librairie. Je suis tombée dessus par hasard, lors d'un achat sur Price Minister. Le titre m'a tout de suite interpellée, et le résumé a fait le reste. Et puis, à 90 centimes autant tenter sa chance!

     On va suivre l'histoire d"Adrien, qui est un enfant qui vit avec sa mère et sa demie-sœur, Isabelle. Chaque fin de semaine, il attend l'arrivée du père d'Isabelle chez qui elle passe les we et espère que cet homme va l'emmener avec eux. Il rêve que cet homme l'aime et le chérisse comme son propre fils. Adrien n'a pas de père, ce dernier ne l'ayant jamais reconnu, et est donc à la recherche d'une quelconque figure paternelle. Un jour, leur mère est victime d'un accident et tombe dans le coma.  Elle devient, comme son fils va l'appeler, un "tas de fraises à la crème". Face à cette tragédie il entrevoit alors la possibilité d'une vie différente, et espère trouver sa place dans une nouvelle famille.

     J'ai énormément apprécié cette histoire bien qu'elle soit cruelle et finalement assez triste. Discutons tout d'abord du choix de narration: la première personne. Ce choix nous entraine dans les pensées et émotions de cet enfant malheureux et délaissé. C'est vraiment bluffant comme l'auteure sait jouer avec nos émotions: la colère, la tristesse, l'espoir... Concernant plus spécifiquement sa plume, elle est fluide, agréable, mesurée et pleine de surprises. Ce livre se lit à une vitesse affolante. Bon, le petit nombre de pages aide, mais le style y est pour beaucoup. Sans parler de cette fin à laquelle je ne m'attendais pas, et qui est plutôt bouleversante. Vous l'aurez compris, sur ce point, je n'ai rien à lui reprocher.

     Je trouve les personnages vraiment bien construits. Tout d'abord, Adrien, ou l’Enfant-Rien comme il se qualifie, nous offre un cri où se mêlent amour, désespoir et incompréhension, qui ne peut que nous interpeller. Sa sœur, qui essaie tant bien que mal de l'aider à se sentir mieux. Sa mère, enjouée la semaine et dépressive le we. Une tante, mesquine et manipulatrice. Bref, un joli panel de personnalités.

     Mais alors, pourquoi ce livre n'est pas un coup de cœur me direz-vous après tant d'éloges? Et bien, je l'ai trouvé trop court, et finalement pas assez approfondis. J'ai apprécié tout ce que j'ai lu, mais j'aurais préféré en avoir plus. Ce livre traite de sujets complexes donnant de la matière pour écrire, et ce trop peu m'a déçue. Mais on pardonnerait presque à Nathalie Hug ce petit couac comme c'est son premier roman solo.

     En conclusion, j'ai énormément apprécié ce roman. A travers ces quelques pages on partage un bout de la vie d'Adrien et quelques moments forts qui ne peuvent laisser personne indifférent. Je ne peux que vous le conseiller! Tant pour cette justesse des sentiments et des émotions avec lesquels l'auteure a su jouer, tant pour cette fin qui ne pourra que vous laisser indifférent et que vous n'oublierez pas (je l'espère).



Fiche technique:
Titre: L'enfant-rien
Auteure: Nathalie Hug
Éditions: Le livre de Poche
Nombre de pages: 120
Prix: 5,20 €

Extraits:
"Je m’ap­pelle Adrien. Dans Adrien, il y a rien."

"Soit ma mère avait eu un amoureux secret, soit elle avait décidé de me fabriquer avec des oeufs congélés, soit elle avait été violée, soit mon père était mort et elle l'ignorait, soit c'était un bandit et elle voulait m'épargner la honte, soit elle était la Sainte Vierge et moi le petit Jésus." 

"C'est drôle la vie parfois! elle a dit.
Je lui ai demandé pourquoi elle trouvait ça drôle,parfois,alors qu'on me conduisait à l'orphelinat et je lui ai glissé que moi,je la trouvais triste tout le temps."

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