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vendredi 30 octobre 2015

Chronique: "La Compagnie noire" de Glen Cook


Le vent gémit, exhalant son haleine amère. La foudre gronde et aboie. Une force vivante fait rage sur la plaine de pierre scintillante. Les ombres elles-mêmes ont peur.
Au centre de la plaine se dresse une vaste forteresse grise inconnue. plus vieille que toute mémoire écrite. Une antique tour s'est effondrée en travers de la faille. Depuis la place forte monte un long et profond battement, pareil à celui du cœur d'un monde assoupi. qui déchire le silence sans âge.
Mais le chemin sera long du siège de Dejagore à Belvédère, la citadelle du dernier des Maîtres d'Ombres, puis vers la Porte d'Ombre et au-delà. La guerre n'oublie jamais les siens.


     C’est avec beaucoup de plaisir que je viens vous présenter le premier tome de « Les livres de la pierre scintillante », qui correspond au troisième intégral de la saga « La Compagnie noire » de Glen Cook. J’ai tellement à vous dire sur cette saga, cet auteur, que je ne sais par où commencer, et surtout j’espère réussir à faire une synthèse parlante, et qui vous donnera envie de découvrir soit la saga, soit l’auteur.  



Que dire de Glen Cook ? C’est un auteur que j’affectionne particulièrement, et qui est très friand de la fantasy, à toutes les sauces. Je l’ai découvert grâce aux aventures de son célèbre détective privé : Garret, qui est un croisement vraiment délirant de polar, d’humour noir et de fantasy. Suite à cette révélation livresque, j’ai voulu continuer à découvrir cette plume qui nous offre un mélange des genres vraiment atypique. C’est alors que je suis tombée sur « La Compagnie noire », dont j’ai dévoré les trois premiers intégraux. Les intégraux que je possède sont ceux des éditions Atalante et ce sont des livres vraiment magnifiques. On retrouve des illustrations, en couleur "sépia", représentant des scènes de l'histoire (exemple ci-contre). C'est une remarque totalement matérialiste, mais ces livres je les adore autant pour le plaisir de la lecture, que pour le plaisir des illustrations. Ici, je vais surtout vous parler de « La Compagnie noire » dans son ensemble, et du ressenti de ce troisième tome. En effet, c’est une saga où tous les personnages, quels qu’ils soient, ont beaucoup évolué, et je vais faire de mon mieux pour ne rien spoiler.
   
     Mais alors, « La Compagnie noire » c’est quoi ? La Compagnie noire est une troupe de mercenaires dont l'histoire, s'étend sur près de quatre-cents ans. Cette histoire, est relatée dans les annales par un « annaliste » nommé par le capitaine. Cette compagnie se vend au plus offrant, et ne s’installe que très rarement longtemps au même endroit. La Compagnie est considérée par ses soldats comme un refuge, mais aussi comme une famille qu'on ne peut plus quitter après l'avoir intégrée. L’objectif de la Compagnie est de retourner sur son lieu d’origine : le Kathovar, lieu entouré de mystères et où ils ne semblent pas les bienvenus. Dans ce monde rempli de guerres, une sorcière redoutable : la Dame, femme du Dominateur et qui souhaite asservir l’ensemble des terres du Nord pour étendre son empire ne va pas rendre leur voyage facile. Pour l’y aider, dix sorciers puissants et corrompus : les « Asservis » sont à son service. La magie est, comme vous avez pu le deviner, très présente.

     Ce que j’ai de suite aimé dans cette série, c’est qu’en choisissant la forme du carnet de bord au travers ces annales, nous, lecteur, suivons la Compagnie en son cœur même. L’originalité de cette forme fait que l’histoire est pauvre en descriptions et explications et nous rapproche des personnages, surtout de l’annaliste. Néanmoins, l’histoire nous est de temps en temps contée par d’autres personnages, nous donnant une autre vision des actions. Un autre point que j’ai apprécié, c’est qu’il n’y pas de vrais « méchants » ou de vrais « gentils ». Glen Cook met en avant avec brio les qualités des « méchants », et les actes barbares des « gentils ».

     Le petit point négatif que je pourrais donner à cette série est le nombre de personnages : près d’une centaine, dont vingt à trente récurrents. Cette richesse est nécessaire pour rythmer l’intrigue, mais par moment, faire le lien entre tout ce joli monde est une vraie gymnastique.

     Cette série plus qu’originale est vraiment addictive. Une fois plongé dans cet univers, on trépigne d’impatience à la fin de chaque chapitre. Et ce n’est pas la fin d’un livre qui nous rassasie, car Glen Cook sait nous donner envie de lire le tome suivant en nous laissant avec un étonnement toujours plus grand en fin de tome qui se transforme très vite en une immense frustration. Vous l’aurez compris, je suis dingue de cette série.

     Et si nous parlions un peu du tome que je viens de finir : « Les livres de la pierre scintillante I » ? C’est un bon tome avec de l'action, pas mal de rebondissements et beaucoup de trahisons qui maintiennent la tension tout du long. Un petit bémol cependant : si on a toujours les mêmes protagonistes, j’ai eu du mal à me faire au nouvel annaliste avec un style d’écriture différent. J’aimais bien trop Toubib comme annaliste, et on le retrouve un peu trop en arrière-plan à mon goût. C’est pour ça d’ailleurs, que ce tome n’est pas un coup de cœur, même si l’ensemble de la série, elle, en est véritablement un. Sinon, c’est un tome vraiment passionnant, et qui, comme de coutume, nous laisse une fin en suspens, cette fois désespérée mais pas moins palpitante, et je suis vraiment pressée de me procurer la suite car je meurs d’impatience de savoir de ce qu’il va advenir à mes chères petites enflures de la Compagnie auxquelles je me suis attachée depuis maintenant quelques années….


Fiche technique:
Titre: Les livres de la pierre scintillante I
Auteur: Glen Cook
Éditeur: Atalante
Nombre de pages: 951
Prix: 30€

Extrait
Profondément enfoui au cœur ténébreux de la place forte grise, se dresse un trône massif et vermoulu. Il a glissé sur le côté et basculé de façon spectaculaire. Une silhouette sombre se vautre sur le trône, captive d'un sommeil enchanté, clouée au siège par des dagues d'argent qui lui transpercent les membres. Son visage jadis inexpressif est défiguré par une grimace d'agonie. La silhouette inhale une longue goulée d'air. Le silence cède le pas à un sourd, lent et puissant battement. La nuit, quand le vent ne souffle plus et que de petites ombres cessent de ramper, la forteresse recouvre son silence. Le silence est la pierre. La pierre est éternité. L'éternité est mort.
[...] La mort est éternité. L'éternité est pierre. La pierre est silence.La pierre ne peut parler, mais elle se souvient.

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